Comment imaginer que Vanessa mettrait fin à ses jours, 2 mois seulement après avoir mis au monde sa fille Jade ? On évoque souvent le fameux Baby-blues, mais on devrait nous mettre en garde contre la Dépression du Post-Partum Sévère.

Comment imaginer que Vanessa mettrait fin à ses jours, 2 mois seulement après avoir mis au monde sa fille Jade ? On évoque souvent le fameux Baby-blues, mais on devrait nous mettre en garde contre la Dépression du Post-Partum Sévère. Cette maladie n’est pas le simple fait d’une chute hormonale, mais une véritable pathologie qui nécessite un suivi médical et psychologique, voire psychiatrique. Dans cet article, je vous livre une histoire très personnelle, en espérant qu’elle vous sensibilisera à la situation de fragilité extrême dans laquelle peut se trouver une jeune maman.

Des antécédents propices à une Dépression du Post-Partum Sévère

J’ai rencontré Vanessa à la fac, une jeune femme belle et intelligente, brillante même. De loin la meilleure de la promotion. Au premier abord, elle paraissait sûre d’elle, voire même un peu hautaine. Et pourtant, j’ai vite découvert sa grande fragilité. Perfectionniste, à un point maladif, elle doutait toujours d’elle-même, se sentait incapable de réussir. Elle a d’ailleurs fait une tentative de suicide en début d’année, incapable de lâcher prise face à la pression qu’elle s’infligeait. Heureusement, ce jour là, elle appela les pompiers dans les minutes qui suivirent son geste.

A partir de là, je ne l’ai plus lâchée. Je l’appelais presque tous les jours et insistais régulièrement sur le fait qu’elle pouvait m’appeler, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, si ça n’allait pas. Elle a commencé un traitement antidépresseur. En surface, cela fonctionnait, mais au fond, c’était toujours pareil, car dès qu’elle les diminuait, ses idées noires revenaient. Après la fac, chacune a trouvé du travail dans sa région d’origine. Nous nous appelions toujours très régulièrement, son moral était toujours variable face à la pression de son travail.

Puis elle a rencontré l’homme de sa vie, celui qui l’a aidée à reprendre confiance en elle, qui la soutenait quand ça n’allait pas et lui redonnait le sourire. A partir de ce moment là, je ne m’inquiétais plus pour elle. Ils avaient pleins de projets : construire leur maison, avoir un enfant, changer de job…

Elle est tombée enceinte et la grossesse la rendait rayonnante. Elle respirait le bonheur. Aveuglée par ce revirement de situation, je n’ai pas imaginé une seconde qu’elle souffrirait d’une dépression du post-partum sévère.

L’élément déclencheur de la Dépression du Post-Partum Sévère

En juin 2017, naît Jade, elle fait le bonheur de ses parents. Vanessa rayonne, jamais elle n’a été si heureuse. J’ai moi-même accouché d’une petite fille un mois plus tôt, nous partageons notre bonheur.

Début juillet, elle m’appelle et je sens bien qu’elle ne va pas bien. Je lui demande même si elle n’a pas des idées noires et elle m’avoue que « si, un peu ». Tellement persuadée qu’un enfant est une raison de vivre supplémentaire incroyable, je n’imagine pas un instant qu’elle pense réellement à passer à l’acte. Au lieu de me mettre à sa place, j’ai raisonné en fonction de mon vécu avec mon premier enfant. Je lui ai dit que c’était normal, que c’était la fatigue et que dans 2 ou 3 mois tout irait mieux.

Je lui ai proposé de lui offrir un topponcino (petit matelas sur lequel bébé dort, même dans nos bras, pour pouvoir le poser sans le réveiller grâce à la conservation de la chaleur et de notre odeur). Elle a refusé et, bêtement, je me suis vexée, j’ai fait comme si de rien n’était, mais je n’ai pas repris de ces nouvelles pendant 1 mois. Quand je l’ai rappelée, je n’ai pas eu de réponse. Inquiète de voir son téléphone coupé, je lui ai envoyé un mail. Quelques jours plus tard, c’est son frère qui m’a répondu en m’annonçant son décès.

A partir de là, beaucoup de choses ont pris un autre sens. Notamment ce cadeau refusé. Sa famille m’a appris que Vanessa est tombée en grande dépression, après avoir accidentellement fait tomber sa fille du coussin d’allaitement. Persuadée d’être une mauvaise mère, un danger pour son enfant et remplie de honte, elle a caché cette chute à tous ses proches. Je suis presque persuadée que si j’avais été plus à son écoute, elle m’en aurait parlé.

Le suicide d’une jeune mère : quand l’impensable se produit 

J’ai été aveugle face à la détresse de mon amie que je connaissais pourtant si bien. Je n’ose imaginer la souffrance qu’elle a pu éprouver, en étant persuadée d’être un danger pour son enfant. L’amour d’une maman pour son bébé est tellement immense, sa douleur a dû être à la hauteur de cet amour inconditionnel.

Son conjoint a été un soutien tout au long de cette dépression, il l’a empêché plusieurs fois de passer à l’acte. Elle a même été internée face à la gravité de la situation. Et pourtant, malgré ses antécédents et tous les signaux alarmants que les médecins ont pu constater, elle a été autorisée à sortir, sans traitement. Avec un simple accompagnement par la PMI, qui était programmé 1 mois après sa sortie de l’hôpital.

Ce suivi a fait naître une nouvelle angoisse : l’idée qu’on lui retire sa fille. Une semaine après sa sortie de l’hôpital, elle a mis fin à ses jours. C’est incompréhensible pour quelqu’un qui ne connaît pas la dépression du Post-Partum sévère. Certains d’entre-vous vont peut-être même penser que ce geste est égoïste… gardez-vous bien de ce type de préjugés : elle a subi sa maladie, elle n’a pas choisi de mourir comme on choisit de partir en vacances.

Vous l’aurez compris, bientôt 1 an après son décès, je ne peux m’empêcher de refaire l’histoire. Je culpabilise de ce que je n’ai pas vu, pas entendu, pas fait, même si au fond, je sais que je n’aurais rien pu changer.

J’espère que cet article vous sensibilisera à la dépression du post-partum sévère et que vous ne minimiserez jamais la souffrance d’une jeune maman en pensant qu’elle est juste fatiguée (comme je l’ai fait). Si vous remarquez une maman dans cette situation, incitez-là à consulter rapidement, alertez son entourage et soyez là pour elle.

La famille de Vanessa a connaissance de cet article et vous lira en commentaires, n’hésitez pas à leur transmettre vos messages de soutien. Sachez également que Jade va bien, c’est une petite fille pleine de vie et souriante. Si vous avez un vécu similaire au sien, n’hésitez pas à transmettre vos conseils pour l’aider à grandir avec le poids de son histoire, sans en vouloir à sa maman…

  • Quelle triste histoire … Parfois on a tendance à minimiser la douleur des autres , mais il est vrai que chacun a sa sensibilité et réagit différemment. Tu n’aurais rien pu faire de plus c’est certain donc ne culpabilise pas . Je suis de tout cœur avec toi et sa famille soyez fort , elle vous a laissé un merveilleux cadeau cette petite jade qui mérite beaucoup d’amour . Courage … Je suis bouleversée par cette histoire quand on est maman on sait à quel point l’après accouchement est difficile (((

  • Je suis bouleversée par l’histoire de ton amie Vanessa 😢😢 car j’ai connue la dépression (pas post-partum), pendant des années et avec quelques tentatives de suicide…la chose que l’on veut pas entendre clés les’phrase Toutes faites comme « accroche toi, t’as tout pour être heureuse des enfants, la santé etc.. » parce que le mal être et la souffrance sont tellement encrés que ce genre de phrase ne nous atteint pas. C’est très difficile à expliquer…je m’en suis sortie il y’a très très peu et grâce à la religion. Je suis entièrement disponible pour répondre aux personnes qui le souhaitent. Je voudrais juste dire aux parents et au conjoint de Vanessa tout mon soutien et leurs dire aussi qu’elle ne voulait en aucun cas les faire souffrir mais sa souffrance à elle a pris le dessus. Je les embrasse bien fort 😘😘😘

  • De tout cœur avec toi, sa famille et sa fille. Comme le dit Karima, il nous est difficile parfois d’entendre la douleur ou le mal-être des autres, parce que chacun est différent. Le post-partum est un mal trop méconnu, dont on ne parle pas assez malheureusement. Ton témoignage est une porte qui s’ouvre pour toutes les femmes qui auraient peur, aujourd’hui même de parler de ce mal-être profond qui les étreint et qui leur permettra d’en parler, de s’aider et de s’en sortir. Ton témoignage est un don précieux, merci.

  • Lire cet article m’a donné des frissons, on est tellement peu à l’écoute de nos proches et à l’inverse quand ça va mal on fait bonne figure malgré tout… Toutes mes condoléances à sa famille

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